retour | imprimer

Croisés devant Damas

L
a prune a fait son apparition en France au XIIIème siècle, lorsque les Croisés la ramenèrent de Syrie après avoir tenté en vain de prendre la ville de Damas (d'où l'expression "y aller pour des prunes"). De part son origine et sa forme allongée, rappelant celle d'une date, la prune était connue sous la dénomination "Prune Dattel" ou "Prune Date".

Selon l'histoire, ce sont les moines de l'Abbaye de Clairac qui auraient pour la première fois croisé le prunier "Dattel" avec un prunier local, donnant ainsi naissance à une nouvelle variété de pruniers, baptisés Prunier d'Ente, faisant allusion au procédé de greffer, ou "enter" en vieux français. Ce sont également eux, qui à la suite d'une année excessivement généreuse en fruits, ont remarqué que la prune séchée au soleil se conservait toute l'année. Le pruneau était né.

Les premières zones de plantation plus ou moins intensives du prunier sont localisées dans le Quercy et le Rouergue (à proximité de St Antonin Noble Val près de Montauban) dés le XIVème siècle. Au milieu du XVIIème siècle près de 2000 tonnes de pruneaux sont déjà exportés par voie fluviale et maritime depuis Bordeaux vers les pays du Nord, tels que l'Allemagne et la Hollande.

Moines de Clairac

Le début du XVIIIème siècle marque un tournant décisif dans la culture de la prune, portant alors le nom de "Robe de Sergent" en raison de sa couleur rouge violacée relevée de bleu et rappellant l'uniforme des chevaliers de guet. Durant le très rigoureux l'hiver 1709 tous les vergers de St Antonin Noble Val sont détruits et les plantations vont progressivement s'étendre vers l'Agenais, et plus particulièrement vers la région de Villeneuve sur Lot où le climat et les conditions du sol sont plus favorables. Le Lot et Garonne est alors le seul endroit à produire du pruneau qui continue très bien de s'exporter vers les différents pays de l'Europe. Le transport fluvial par le Lot amène les pruneau jusqu'à Bordeaux où est apposée l'estampille du port d'expédition, à savoir "Pruneaux de Bordeaux". Ce n'est que plus tard, lorsque Agen devient port d'expédition, que le pruneau prend le nom de "Pruneau d'Agen", mondialement connu et reconnu jusqu'à nos jours.

Église et Abbaye de Clairac

Cependant, le pruneau d'Agen reste un produit de luxe et ne devient réellement accessible à tout le monde que vers le milieu du XIXème siècle, avec le développement des moyens de transports sur eau comme sur terre. Son essor est tel qu'avec 56000 tonnes, la production de 1896 est équivalente à celle d'aujourd'hui ! Mais cet essor n'est que provisoire, et les deux guerres mondiales font chuter la production à moins de 10000 tonnes par an.

Le nouvel élan s'annonce dés la fin de la deuxième guerre mondiale et les plantations de vergers reprennent, soutenues par la mise en place de recherches de nouvelles variétés, plus résistantes et donnant de plus gros fruits, grâce notamment au comité d'arboriculture et de l'INRA.

Le B.I.P., Bureau Interprofessionnel de Pruneau, voit le jour en 1963 et permet de développer et d'optimiser la production en fonction des capacités de marché.